CR de Sébastien :
L’essentiel n’est-il pas toujours d’aller au bout d’une aventure, quel que soit le résultat, de partager un effort commun et de générer des émotions dans une tranche de notre vie inoubliable. Cette remarque me parait plus vrai que jamais. Nous avons franchi cette ligne d’arrivée second après 5 jours non-stop de raid, juste 3h derrière les vainqueurs Suédois. Nous avons fait exactement le même parcours et pourtant nous ne serons pas officiellement vices champions du monde. C’est la dure loi du sport avec ces propres règles. Voici le compte rendu de notre course dont le titre pourrait être : Jouer 100h non-stop en sachant qu’on a sans doute déjà perdu…
Ce jeudi 19 octobre 2023, nous sommes 107 équipes au départ dans le sud de l’Afrique du Sud vers Port Elizabeth. Les meilleurs mondiaux sont tous présents. La chaleur à 11h est bien présente et nous sommes prêts à en découdre…
Section 1 : Trek dunes et plages 56kms
Départ à 11h dans une côte sèche. Elle est tellement raide que pour une fois on part quasi tous en marchant ! On fait le start et on se retrouve très vite dans le peloton de tête. Le premier sentier mal cartographié nous permet tout de suite de voir la précision aléatoire de la carte. On fait un bout de chemin avec l’équipe de Romu et Jino puis rapidement on se détache avec les estoniens et les suédois… Prémisses d’un match à 3 ? La chaleur m’accable et je me sens parfois à la limite. Adrien impulse un très bon rythme. On aperçoit quelques phacochères au loin. Un réservoir d’eau nous permet de remplir nos gourdes au bout de 3h de course, heureusement car sinon c’était l’abandon des 107 équipes dès le début !
Les dunes blanches magnifiques se dressent devant nous. Nous entrons dans ce désert blanc pour rejoindre la plage. Mes jambes vacillent… et pourtant c’est sublime. 20kms de plage nous attendent, le sable est suffisamment dur au bord de l’eau pour courir mais c’est exigeant. Heureusement le vent nous pousse. Swedish s’échappe un peu, nous sommes juste devant les Estoniens mais je suis limite rupture. L’océan à gauche, les dunes à droite, j’essaye de me concentrer sur la magie de l’instant… Mais je suis en surchauffe et après que les Estoniens nous aient doublé, je propose à Adrien de sortir la laisse et de me tracter. Il est vraiment en forme et il me redonne le moral tellement tout devient facile. Une sorte de running électrique ! Nous passons à coté d’un immense rocher qui est en fait une baleine échouée ici depuis fort longtemps. Impressionnant… Enfin nous arrivons à la fin de la plage et nous devons traverser une rivière. Cette baignade raffraichissante est bien agréable et nous fait redescendre en température. On entre dans une nouvelle zone de dune au soleil couchant dans des couleurs magnifiques et Adrien réalise un festival physique et en orientation si bien qu’on termine cette section second à 4mn des Suédois vers 19h à la nuit tombante. Départ quasi parfait tout comme notre transition puisqu’on repart en même temps que les suédois sur une première section vtt nocturne.
Section 2 : vtt roulant 181kms
Nous faisons une petite erreur au début et nous retrouvons seul en chasse des deux premiers. Le parcours est monotone et très roulant. On est en file indienne la plupart du temps derrière Adrien qui affiche toujours une forme olympique. Nous retrouvons parfois nos adversaires où nous voyons leur frontales juste devant nous. Il fait encore chaud et nous sommes content de trouver parfois des citernes d’eau. Et nous arrivons au CP26… Jusque là toutes les balises étaient en bord de chemin. On ne voit rien, de plus le brouillard est épais. La définition indique moulin à vent. On imagine un moulin à vent ancien à la française et on se dit que vu où l’on est, c’est impossible. Afin d’être sur on retourne sur nos pas sur 1km au col précédent pour affirmer notre bonne position. Chose faite, on recherche à proximité du chemin, on vérifie avec Adrien qu’on a bien reporté notre balise au même endroit sur la carte. Après avoir sillonné la zone encore plusieurs fois, on ne voit plus où chercher et on se dit que la balise n’a pas été posé ou embarqué par un local avec sa mini éolienne ou que la définition est fausse. Bref on prend la photo du croisement rivière chemin après bien 30mn de recherche et on continue. Ce genre de cas de figure est rare et super angoissant. Toute la fin de section, je ressasse la question… ais je bien levé la tête assez haut, avons-nous fait une erreur de report de la balise… Nous terminons en matinée en baissant un peu de rythme mais Estoniens et Suédois sont à la transition quand nous y arrivons. Le bénévole nous demande notre passeport et vérifie les balises, nous lui indiquons ne pas avoir trouvé la 26 et que l’on a pris une photo. Elle est surprise et nous annonce que les deux autres l’ont… Nos jambes vacillent, notre moral tombe en dessous des malléoles. Les Absolu arrivent quelques temps après et on en parle avec eux. Ils nous disent l’avoir trouvé loin du chemin vers une ligne à haute tension. Autant vous dire que notre transition est poussive et que l’on manque d’efficacité. J’essaye de motiver les troupes. Sandrine lâche une phrase du genre :
Les gars vous vous rendez compte que là autant on est hors course !
On verra bien avec les arbitres plus tard, on fait notre course comme si de rien était, on l’a fait pour nous. On vit notre aventure, le classement n’est pas l’unique raison. On est de bonne foi, la définition n’indiquait pas une distance telle du chemin. On verra bien, Aller !
Section 3 : Trek montagneux chaud froid 81kms
On repart tout de même 3ème sous une chaleur accablante déjà pour le plus long trek du raid. On galère à trouver le 1er sentier qui monte à un grand plateau. On arrive assez vite à la zone du rappel. On s’équipe vite et on descend le long de la cascade sur une cinquantaine de mètre environ. Rien de foufou. Arrivés en bas, Sandrine nous demande si on a vu la balise en haut du rappel et devant notre désarroi nous annonce avec un ptit sourire l’avoir enregistré. Car les balises ici, ce sont des lettres qu’on reporte sur notre passeport ! S’en suit un passage aventure dans le lit de la rivière et une remonté dans le bush. On ressort sur un plateau et la chaleur est suffocante. On avance ainsi toute la journée piano piano en se rafraichissant dans les rivières dès qu’on le peut. A la tombée de la nuit, nous avons la bonne surprise de tomber sur les Suédois ! On les pensait loin et cela nous donne un regain d’énergie. On fait même un meilleur choix qu’eux et nous atteignons un sommet à plus de 1600m juste avant eux dans un froid saisissant avec beaucoup de vent. Devant nous avons aperçu les frontales des Estoniens. On est dans le match plus que jamais. On en oublierait presque ce CP26… Un long poste à poste compliqué en orientation est devant nous de nuit, Les Suédois font un choix différent et 2h plus tard nous nous retrouvons au même moment à l’approche de la balise suivante. Dingue !
Quentin se sent moins bien d’un seul coup avec une forte douleur sous le pied. Il fait même un petit malaise. On attaque mal le poste dans la rivière et par miracle on tombe dessus ! L’occasion de faire un premier stop de 20mn pour faire souffler Quentin. On se remet en route doucement en le tractant pour le soulager. Sandrine s’y colle dans un premier temps. Elle est en forme olympique. On passe ainsi la suite de la nuit à un rythme inférieur mais régulier. Le lever du jour nous permet de finir cette section sereinement en suivant grosso modo une ligne à haute tension jusqu’à la transition où dorment nos adversaires. Il est 7h du matin environ et nous décidons de manger copieusement des burgers locaux et de dormir de nouveau 20mn. Pas plus car le risque de tomber dans la darkzone du kayak en cette fin de journée est plausible.
Section 4-5-6 Trek 10km Kayak orangina tempête 65km Trek 3km
On repart 1er et très motivé en direction de la rivière. On trottine dès qu’on peut. Tout le monde va bien. Les Estoniens piqués au vif nous doublent rapidement. Ils veulent garder le lead ! On embarque vers 10h sur cette rivière après avoir enfilé notre combinaison de peintre. On annonce beaucoup d’eau et des rapides plus gros que le classe 1 2 annoncé. On se rend vite compte que c’est le cas. C’est plutôt du classe 3 sur les premiers et on se renverse dès la sortie du 1er rapide avec Sandrine ! On remonte comme on peut sur le kayak et je demande à Adrien de passer devant. A eux de se mettre sous l’eau 3mn plus tard !!!! Kayaks instables et rapides engagés, on ne va pas s’ennuyer… Et c’est le cas, c’est joueur et on gère bien la suite en lisant mieux la rivière. L’ambiance est sauvage sauf que des eaux usées bien sales se déversent parfois dans notre rivière. On comprend mieux pourquoi on nous a dit de ne pas boire l’eau ! Quelques portages nous permettent de nous dégourdir les jambes et de muscler nos bras … Les suédois nous doublent. Ils sont impressionnants. Un vent fort se lève et le froid devient saisissant. Un peu avant 17h, nous atteignons le dernier rapide. Adri et Quentin sortent trop large et se mettent dans un arbre qui les renverse… 2 à 1 on a gagné le match avec Sandrine
. Nous franchissons le pont de la Darkzone à 17h avant la limite. Nous n’aurons pas besoin de dormir le long de cette rivière et heureusement car les bords sont dans le bush et le froid glacial. On plaint les équipes qui vont devoir le faire… Reste maintenant à atteindre le barrage. Nous nous orientons petit à petit vent de face. Nous sommes en pleine tempête et il devient de plus en plus difficile d’avancer. Nous nous cachons dans les roseaux pour récupérer et nous pagayons 3mn à fond pour gagner parfois juste 20m ! Parfois des rafales nous font même reculer. A ce rythme il nous faudra 12h pour faire 5km… Après 30mn d’enfer, on s’aperçoit que la rive opposée est peut-être plus abritée. On tente la traversée et l’on s’aperçoit alors avec joie que c’est plus navigable de ce côté-là. Du coup nous atteignons le barrage fin du kayak vers 19h. Béa d’Endorphinmag est là et peut filmer quelques images de notre débarquement glaciale. On doit franchir une digue avec nos kayaks et les poser avant de courir 3kms jusqu’à la transition suivante. On effectue le parcours en courant en monté pour se réchauffer et ça marche ! Il pleut beaucoup et nous nous abritons sous la tente de l’organisation. On prépare nos vtts, on mange, on recopie les cartes et l’on fait notre 1er sommeil important du raid d’1h30. Suédois et Estoniens sont là. Absolu Merrel et Bendracing arrivent plus tard. 6 équipes ont passé la darkzone.
Section 7 : VTT monotone 220km
Les Suédois sont repartis les 1ers 1 bonne heure avant nous et les Estoniens juste 15mn. On repart sous la pluie et sur un terrain très gras très habillé et cela grimpe dès le début. On enlève vite 1 couche de trop. Nous sommes en début de nuit. Quentin va vite mettre son enceinte en marche avec sa playlist pour nous occuper l’esprit. Nous tenons un bon rythme jusqu’à ce que le sommeil nous gagne Quentin et moi. Il s’endort sur son vélo et manque de peu de nous mettre tous les deux dans le décor. On décide de faire un stop de 20mn dans une petite ville. A notre réveil les suédois passent devant nous. Ils ont certainement dormi un bon cycle dans cette même ville. Le réveil est difficile pour Adri qui n’est pas dans son assiette pendant un ptit moment. La suite de la section est d’une monotonie sans nom. Des grandes lignes droites dans un paysages identiques qui n’a rien d’exceptionnel. On se retrouve aussi durant quelques kilomètres sur une piste bien boueuse et collante et nos vtts s’embourbent de partout… Heureusement un terrain plus sec et un vent dans le dos nous permettent enfin d’accélérer et d’atteindre vers midi une autre ville. On décide de faire un stop pour se ravitailler. Burger, glaces, boissons au menu. On repart après une pause de plus de 30mn le ventre bien plein mais la digestion nous endort sous la chaleur et on fait de nouveau une sieste de 20mn. Après cela on appui sur le champignon et on termine à fond la section vers les 15h30. Nos 2 adversaires sont déjà repartis. Malgré tout on reste sur notre schéma de course et on décide de manger et dormir de nouveau 1h30 avant d’attaquer le dernier gros trek. Au bout de 50mn, Quentin me réveille en me disant que c’est l’heure… Je lui dis que non pas du tout et il me répond qu’il n’arrive pas à dormir et qu’Absolu et Merrel sont là… Je lui demande de se rendormir mais rapidement je me rends compte que je ne me rendors pas non plus. Je réveille tout le monde et on se remet en route…
Section 8 : Trek nocturne somnanbule 65km
Adri nous met un bon rythme d’entrée de jeu et on veut sur ce trek essayer de distancer nos poursuivants. Un bon azimut nous permet d’abord de gagner de précieux mètres. La nuit tombe très vite dans des couleurs oranges flamboyantes. On s’appuie sur les clôtures bien cartées. Le rythme est bon et on fait un sans faut en orientation. Un organisateur se trouve en pleine pampa et nous annonce qu’en raison du niveau d’eau le canyon est annulé. Dommage pour nous… On poursuit mais le sommeil atteint notre insomniaque de l’après midi et on décide de faire un stop de 20mn. Des chèvres sont un peu bruyantes hélas et nous gênent. On repart et on n’est pas trop de deux à l’orientation à ce moment là car c’est bien compliqué. On fait un sans-faute avec Adri mais notre Quentin devient un zombie et rentre dans une sphère lointaine. Il balbutie des mots dans un râle permanent. Sandrine toujours impériale tente de lui faire la conversation. Je l’accroche à ma laisse et le transporte ainsi jusqu’au lever du jour ! Il nous fait rire et on se souviendra lui et nous de ce moment toute notre vie. Le lever du jour magnifique dans un orange puissant comme nulle part ailleurs lui permet de reprendre pied et de revenir à la vie réelle. Adrien nous trouve au flair une citerne après qu’on ait fait un long azimut de nuit. On voit au-dessus des frontales. Les Estoniens ou les suédois à 30mn de nous. C’est bon ça !!!! On en oublierait presque le CP26 !
Avant la dernière ascension, nous décidons de nouveau d’un stop de 15mn. Ce qui nous permet de repartir à un bon rythme. La descente finale est sur des petits cailloux qui font bien souffrir les pieds de Quentin et Adrien. On rejoint la transition où se trouve Stéphan. Il nous demande enfin et pour la première fois des explications sur ce CP26. On lui explique et il nous dit alors réfléchir à la situation. Nous serons informés à la dernière transition de sa décision. Son hésitation du moment nous laisse alors un espoir de dénouement favorable. Nous nous mettons à rêver d’une petite pénalité… Nous sommes le matin et nous décidons de nouveau de manger et dormir à cette transition. Les mouches et insectes sont pénibles mais cela fait du bien de mettre au repos nos muscles et nos pieds.
Section 9 : VTT montagne 130kms
On repart vers 11h du matin sous une forte chaleur. On fait d’entrée notre seule grosse erreur d’orientation du raid. On s’engage trop longtemps dans un canyon. Cela nous permet de voir une tribu de singe en folie et sonore. On fait demi-tour et on s’engage sur une piste vertigineuse. Le pourcentage est dément mais on a la forme et on passe tout sur le vélo. Nos pieds nous font souffrir dans les chaussures de vélo bien serrées. On gère bien jusqu’à un refuge de montagne où l’organisation nous offre des fruits. Les deux premiers sont passées il y a 3h environ. Un long poste à poste avec choix s’offre devant nous. Nous faisons le choix de l’est et de la vallée le long de la rivière. Il faut traverser cette dernière des dizaines de fois et l’eau monte petit à petit. Jusqu’à la taille pour Sandrine. Des petits cols toujours aussi raides nous permettent de nouveau de montrer notre force collective en cette fin de raid. Nous sommes réguliers et le vent se lève de nouveau en soirée. Toujours des couleurs orange puissantes dans le ciel. On s’équipe pour la nuit et on repart vent dans le dos heureusement. On arrive à la jonction des 2 options. Dans ce cas tu te demandes toujours si tu as pris la bonne surtout quand cela dure des heures… On poursuit et Adrien oriente parfaitement jusqu’à la balise traversée de rivière. On se rafraîchit vraiment mais ça passe ! Peu de temps après Adri et moi tombons de sommeil et il semble nécessaire de faire un petit stop de 15mn. Quentin nous chambre, quand c’est vous qui avez sommeil, on s’arrête de suite ! Et oui gamin sinon on va se tromper de chemin…
On repart bien avec nos premiers singles du raid ! Rapidement on a l’impression qu’il n’y a que 4 traces de vtt devant nous… Cela nous enlève toute envie de dormir !
Je me ravitaille au supermarché (surnom d’Adrien tellement il emporte de la nourriture) et vole le seul biscuit qu’emporte Sandrine pour une section de 15h
. Et on termine cette section en milieu de nuit. Effectivement seuls les vtt des suédois sont là. On a doublé les Estoniens sur notre option. Champagne ! Enfin pas pour bien longtemps car Igor l’arbitre est là et il nous annonce la décision :
Vous n’avez pas de pénalité, vous continuez votre course et vous serez classé après les équipes qui ont tous les CP… Le pire se produit donc… Aucun cadeau pour nous, même pas une grosse pénalité. Quand on voit les écarts sur la ligne entre les cinq premiers, on se dit que la sanction est démesurée.
Igor nous souligne que nous allons pouvoir franchir la ligne en seconde position malgré tout et que cela est extraordinaire. Il souligne notre grande course et notre performance.
On se dit rapidement que oui on va le finir et vite ce raid pour nous montrer au moins à nous même ce dont on est capable en cette fin de raid… On mange, on dort 1h et on repart sans que les Estoniens et Espagnols de Vidaraid soient arrivés à la transition.
Section 10 : Trek Dunes et côtes 33km
On part à un bon rythme en courant dès qu’on peut. On s’aperçoit qu’on a oublié de reporter la zone interdite mais on est déjà loin de l’AT et on décide de l’imaginer ce qui nous vaut quelques détours pour assurer le coup ! On est plus ou moins hors course mais on joue le jeu jusqu’au bout ! On entre dans une nouvelle zone de dunes. C’est sublime au lever du jour. Une balise en aller-retour dans les marais nous permet une dernière baignade dont nos pieds se seraient bien passés ! On enchaine bien jusqu’à la côte ou un magnifique sentier nous mène au Cap St Françis. On court à bonne allure sans s’arrêter. On oublie nos pieds, on veut franchir cette ligne le plus vite. 2 traileurs nous attendent vers le cap et font un bout de route avec nous, ils sont supers gentils et nous annoncent que les suédois sont arrivés il y a peu de temps en mode zombie ! On atteint presque la plage qui précède l’arrivée quand on aperçoit Heidi, la boss de l’ARWS et co directrice de cette finale qui vient à notre rencontre. Elle pleure et nous aussi. On s’enlace, elle nous dit être si désolé… Sa présence et ses mots nous touchent beaucoup. On est maintenant sur la plage et même le sable mou ne nous freine pas, on court encore et encore après 121h de course. On court et on pleure aussi beaucoup. On a besoin aussi de se prendre dans les bras tout les 4. Les émotions nous submergent et les chants magnifiques de ces femmes Africaines sur la ligne renforcent le coté émotionnelle et nous apportent aussi de la chaleur. On franchit cette ligne en levant les bras car c’est une sacrée victoire tout de même pour nous de franchir cette ligne si proche des premiers malgré le poids psychologique de ce CP26. Il y a beaucoup de monde et beaucoup pleurent aussi… Le sport a cette magie d’offrir des moments de vie inoubliables. On aurait préféré des larmes de joie mais on prend quand même ! Nous sommes second sur la ligne mais pas vice champion du monde officiellement. J’aurais aimé ne jamais écrire cette phrase un jour.
Second sur un parcours plutôt roulant de 927km taillé pour des Suédois, on peut être fier de notre course, on a joué le titre jusqu’au bout et contrairement aux Suédois, on aurait pu se coller encore des kms sans problème. Je suis surtout fier de notre état d’esprit de combattants qui ne lâchent rien malgré les aléas, de notre état d’esprit positif, de notre résilience permanente. Quelle équipe !
Nous aurons du temps ensuite pour analyser notre erreur. Notre report de CP26 était sur le chemin alors que sur la carte mère ce dernier était 2mm à gauche du chemin soit à 100m. A aucun moment sur le coup nous avons imaginé nous décaler autant pour trouver le poste. Encore plus dans le brouillard. Toutes les autres balises du vtt étaient en bord de chemin sauf celle-là… Voilà c’est comme ça et c’est encore un nouvel enseignement malgré notre grande expérience ! La prochaine fois on fera autrement, on sillonnera la montagne entière sauf que si la balise n’est vraiment pas là, tu décides quand de partir !
Je pense aussi que sur un championnat du monde on devrait tous avoir des cartes imprimées et étanches. Un championnat du monde ne doit pas se jouer sur une compétence d’art plastique il me semble.
La cérémonie de clôture a été on l’avoue un peu difficile à vivre. La belle 5ème place de l’équipe de Romu et Jino permet à la France d’être représentée sur le podium.
Maigre consolation malgré tout, notre équipe 400team, à l’instar des Néozélandais d’Avaya et des Espagnols de Vidaraid, a fait son entrée au Hall of Fame de l’ARWS. Belle reconnaissance de notre présence au haut niveau mondial depuis 15 ans. Avec Sandrine, nous entrons également individuellement dans ce Hall of Fame avec un autre français Cyril Margaritis.
On revient avec des belles images en tête, des souvenirs à vie et une certitude : on a le niveau pour jouer le titre les années à venir…