Raid in France Nouvelle Aquitaine - Victoire

Quelle joie de s'aligner encore sur cette épreuve sensationnelle, le RIF... Pour cette édition le choix de la Corrèze n'était pas forcément ce qui me plaisait le plus, mais bien sûr, encore une édition super chouette, partagée avec mon éternel Seb, Adrien et Benjamin Fayet. Une équipe au top!

Et c'est vrai que mener la course en tête de bout en bout avec une confortable avance (on franchit la ligne d'arrivée avec 16h d'avance!), ça donne une course très sereine...

Le compte-rendu habituel de Seb

RaidinFrance 2024 expédition nouvelle Aquitaine le récit!

Ce nouveau (dernier?) Rif nous l'attendions depuis 2 ans et nous n'avons pas été déçu loin de là. Pascal et son équipe ont eu le temps de nous concocter un parcours sauvage, technique, engagé dans un coin de France méconnu de nous tous. Une composition d'équipe inédite pour cette édition avec le très jeune Lozerien Benji Fayet autour des vieux briscars de la team! Retour en détail sur cette course vécue comme dans un rêve à Bugeat city Corrèze.

Vendredi 28 juin :

Je suis encore à l'île de Ré avec mes élèves aux championnats de France de co unss et la médaille d'argent en poche, je file rejoindre mes 3 équipiers en Corrèze qui ont déjà tout préparé! Déjà une anecdote à raconter, ils se sont fait virer du camping par des propriétaires plutôt psychorigides qui n'ont pas accepté que Benji snobe le bungalow pour dormir dans sa tente de toit!!! Quel voyou ce Lozerien, il va falloir l'éduquer un peu, je m'en charge puisque visiblement Benj Monier n'a pas fait le boulot...

Samedi 29 juin 8h:

Le départ est donné sur la place du village pour un prologue co de 3km. Nous avons gonflé comme en 2022 les packrafts pour gagner du temps à la 1ere transition. Ça part dans tout les sens, on pose le matériel puis on le récupère et à ce petit jeu nous sortons légèrement devant Absolu et notre autre équipe 400team de Stéphanie Jino Antho Damien.

Nous embarquons sur la Vézere plus ou moins ensemble, et cela donne tout de suite le ton de ce qui nous attend. Cette première descente est très agréable. Je suis avec Sandrine et on se rend très vite compte que Benji et Adri peinent à nous suivre. Ils mettent cela sur le compte du bateau. Modeste que nous sommes, nous évitons de les dévaloriser en ce début de raid:)! Nous prenons un petit ascendant sur les 2 autres équipes mais les stratégies à la fin de la rivière rebattent les cartes. Absolu décide de courir avec les bateaux gonflés, nous faisons le choix de tout plier après que l'organisation nous déconseille de réembarquer sous le barrage faute d'eau. Nous retrouvons 30mn plus tard Absolu qui part dans une mauvaise direction... Adri fait un premier joli choix d'orientation et nous prenons la tête au CP1 au lac des Bariousses où nous regonflons nos bateaux en express. Chiara Altore team est en train de nager et nous encourage. Fin de cette 1ère section à la fin du lac où nous retrouvons nos vtts.

Je sors ma roue arrière et la cassette tombe par terre. Oups, va t-il falloir que je cours à côté de mon vélo durant 265kms? Que neni, Adrien a été mécano vélo lors d'une vie précédente et il refixe tout ça en 3mn.

Cette petite section vtt de 3h donne immédiatement le ton sur la justesse de la carte ign de la région. Il va falloir avoir du flair, ça tombe bien car Benji qui seconde adri sur l'orientation à Vtt n'en manque pas visiblement.

Forcément on roule un peu vite sur ce 1er velo et Sandrine est à fond pour suivre le rythme. On enchaîne bien jusqu’à la transition trek.

Le temps de repartir en express que la pluie se met à tomber fort. On est à pied c’est pas plus mal. 2 énormes quads suivent notre chemin durant un temps. On enchaîne des sommets humides puis la carte devient compliquée et nous hésitons pas mal en amont de la balise du pylone électrique. Un petit aller-retour de 15minutes pour se recaler! Un long azimut nous conduit ensuite à la transition du packraft du lac de Vassiviêre.

On regonfle nos bateaux sous la pluie et c'est partie pour 10 balises ordre obligatoire.

A la balise 2 je cherche le roadbook dans mon porte carte en vain. Je le retrouve enfin à la balise 3 et le lis avec inquiétude. "Les gars, on est bien passé à l'ouest de l'île?" Un dialogue de sourd s'installe car on est bien passé à l'ouest d'une île mais pas la bonne comme nous l'imposait le roadbook. Genre" Adri l'ouest c'est à gauche !" Le nez à 4 sur la carte on se rend compte de notre erreur et on fait demi-tour. 33mn de perdu.

Revenu à la 3, on fait la balise 4 en aller retour sans les bateaux. A notre retour, Absolu est là. Nous avons donc 20mn d'avance environ.

La suite de cette section se passe sans encombre, nous alternons la navigation avec des portages. En fin d'après-midi, nous arrivons à la transition juste avant la tempête.

Nous réalisons une nouvelle bonne transition et nous élançons sous la pluie pour une nuit en vtt. J'innove en décidant de garder mon haut néoprene 1mm.

On commence par un sentier bien humide en bord de ruisseau qui donne bien le ton!

Dimanche 29 juin

La nuit se passe très bien. Les garçons orientent à la perfection et nous roulons groupés à une grande vitesse. Au lever du jour, nous arrivons à la transition où on nous annonce en avance sur le timing de l'organisation.

Nous décidons de dormir 2h et nous nous abritons sous un porche mais l'humidité et le froid ne nous permettent pas de dormir profondément. Dommage.

Thérèse n'est pas la et je suis inquiet pour Adrien en position d'orphelin sur cette transition !

C'est de nouveau une section trek packraft au menu ce dimanche matin. La 1ere balise dans un torrent nous coûte une dizaine de minutes de recherche puis nous gonflons nos bateaux pour naviguer sur le Chavanon Descente très fun et très rapide avec des bons rapides classe 2 environ. Un grand plaisir. La fin de section se fait sur un lac de la Dordogne. L'un derrière l'autre nous avançons encore à un bon rythme et à l'heure du repas de midi nous accostons et repèrons immédiatement la guinguette. Motivés à l'idée de manger un bon Burger, nous réalisons une bonne transition. Les 10 minutes assis à table à déguster ce seul vrai repas des 4 jours sont délicieuses !

Le ventre bien plein, nous repartons sur la section trek cordes. On ne reste jamais très longtemps sur les chemins. L'orientation est toujours intéressante car rien n'est donné! Nous débouchons au dessus de Bord les Orgues. Le paysage est grandiose. L'équipe de guide a préparé un atelier corde très visuel. Petite via corda pour arriver au-dessus d'un enchaînement de 2 rappels spectaculaires. Je ne suis pas plus à l'aise que les fois précédentes mais ça passe ! Fin de section toujours très sauvage pour trouver le fameux CP26. On ne se rate pas cette fois ci comme en Afrique du Sud ! 0n rejoint les bords de la Dordogne pour une nouvelle section Trek Packraft, la plus longue section du raid estimée à plus de 16h. On va donc y passer la soirée, la nuit et la matinée !

Il nous reste 2.3h de jour alors on ne traîne pas. On embarque en passant par-dessus un portail avec nos bateaux gonflés à la transition. Juste avant l'usine hydro électrique, un bénévole nous fait signe et nous demande si on voit des grands jets d'eau sur la rivière car ils ont du demander en urgence de stopper l'usine. On est toujours en avance sur le timing. On poursuit notre chemin sans encombre jusqu'à la balise suivante où l'on doit débarquer dans un chaos rocheux instable dans une pente improbable ! Juste plier les bateaux et faire nos sacs est d'une grande complexité ! Adrien s'énerve un chouia car on lui laisse trop de choses et ça ne rentre pas et on sort par le haut plutôt bien compte tenu de notre chargement. Même si on traverse des routes et chemins, le positionnement des balises nous invitent à couper droit dans les forêts. A la tombée de la nuit, nous redescendons en aval du barrage et galerons 15 bonnes minutes pour trouver la balise. On gonfle les bateaux au milieu des ronces et des branches. Il fait nuit noir et avec le brouillard sur l'eau, nous ne voyons rien ou plutôt si une masse sombre qui nous barre la route ! On éclaire avec les 1200 lumens de notre Stoots et distinguons un barrage naturel de tronc d'arbre sur toute la largeur de la rivière. Impossible de contourner ou de débarquer ! Il va falloir forcer le passage et éviter de crever. Adri décide de se mettre à genou à l'avant du bateau et de jouer au brise glace ! Il pousse avec ses mains les troncs et nous réussissons à passer les quelques 100m de troncs accumulés ! Des troncs isolés vont ensuite nous empêcher de dormir. La visibilité est toujours nulle et nous longeons le bord de la rive en vérifiant sans cesse notre cap ! On se fait une grosse frayeur en constatant qu'on va au nord au lieu du sud un instant ! Nous avons tourné de 180 degrés sans nous en rendre compte. Le CP suivant se nomme désiré et nous sommes soulagés de le trouver enfin au milieu de la nuit. On a froid et sommeil et le lieu en bord de rivière est vraiment hostile pour un stop. On se change vite et nous nous calons collés serrés dans une petite tente de l'organisation pour 3h. Sandrine a peur de manquer d'oxygène et me demande d'ouvrir la tente. Pfff mais il fait froid dehors !!! Elle insiste, je cède:)

Lundi 1er juillet

On a eu froid et ce 2ème stop dodo n'est pas très ressourçant une nouvelle fois. On repart presqu'au lever du jour avec nos sacs bien lourds. C'est plutôt simple au niveau orientation même si on n’est pas trop de 3 pour être efficace sur cette partie là. Le rythme de l'équipe est solide. On trottine dès que possible jusqu'à la balise sous le pont himalayen de la rivière Luzège, il y a assez d'eau pour embarquer même si on va s'échouer 2 3 fois. C'est hyper ludique durant une trentaine de minutes avant de retomber de nouveau sur une partie lac. On se questionne beaucoup sur la stratégie à adopter pour la balise 34. On choisit de faire un aller retour express plutôt que de porter les bateaux gonflés dans une pente très raide et instable. On croise Gilles de l'organisation avec son équipe qui n'avait pas imaginé ce choix.

On poursuit sur la Dordogne jusqu'au début du canyon.

On range nos bateaux pour un bout de section bien engagé. Il s'agit de remonter un canyon avec un sac de 20kgs sur le dos sur des rochers glissants, en avançant à contre courant dans des vasques et en s'aidant pat endroit de cordes fixes. Ambiance Raid Aventure! C'est génial et sublime ! La transition vtt est juste à la sortie. Il y a du monde de l'organisation dont l'éternel José Pires. Il appelle devant nous Heidi la boss de l'Arws pour lui fêter son anniversaire. Il lui dit qu'on a 3 jours d'avance sur les seconds:)

Après cette section de 17h environ, Pascal Bahuaud nous propose donc une petite récréation avec un vtt de 2h30 plutôt facile qu'on réalise en plus sous le soleil. Moment plutôt reposant:) Moment bien drôle quand on compare le ziploc nourriture de Sandrine avec ceux de Benj et Adri! 300g d'un côté, 2kg de l'autre!

Sous le soleil encore on enchaîne ce lundi avec une nouvelle section trek raft bien longue. Je demande même la crème solaire à Sandrine qui me signale l'avoir au fond du fond du sac. Tant pis, de toute façon ce n’est pas sur ce raid qu'on va prendre des coups de soleil. On est souvent en forêt et le soleil a juste eu un bon de sortie très bref!

On rejoint vite une nouvelle rivière, la Maronne Le road book n'est pas très clair. Il est écrit " il est interdit d'embarquer en amont de Laval" Cette phrase à l'oral est perturbante et drollissime à la fois!!!! A l'amont de l'aval. Adrien me fait répéter plusieurs fois avant qu’enfin il trouve sur la carte le hameau nommé Laval!

En amont de Laval il y a les Tours de Merles. Site historique magnifique. Nous le traversons et pointons les deux balises au sommet des Tours. On traverse ensuite à gué la rivière en folie en s'accrochant. Nous embarquons enfin à l'aval de Laval. Au coucher du soleil, nous devons de nouveau sortir de l'eau pour un bon portage afin de contourner un barrage. La nuit tombe. Adri décide d'orienter façon Lhermet c'est à dire au plus direct! Le moment est peut être mal choisi vu la densité de la végétation et l'inexactitude de la carte. Peu importe il insiste mais semble petit à petit perdre son flegme. Je surveille ma boussole, on fait du Sud, puis du nord puis de l'est puis de l'ouest... la crête qui doit nous mener à la balise joue à cache cache avec nous. Mais notre grand Adrien finit par avoir le dernier mot et après peut-être une trentaine de minutes de bartassage, nous pointons la balise difficile du Rif 2024 car il y en a toujours une ! L'équipe d'organisation et de tournage du film nous attend juste en dessous au niveau de la rivière. Notre tracker en panne, ils commençaient à s'inquiéter !

Ayant bien sommeil et peu à l'aise de nuit pour pagayer dans les rapides, je décide de monter devant Benji. Le sommeil m'attaque direct et je laisse le prodige de LSN se débrouiller plus ou moins seul. D'ailleurs c'est une idée pour une prochaine fois, celui qui monte avec Benji peut dormir gratuitement et sans pénaliser l'équipe !

Sur le portage suivant. Je dors debout et zigzag sur le chemin à l'instar d'un alcoolo sortant d'un bar avec 3g dans le sang.

Les vagues des rapides de la petite portion suivante de la Dordogne vont me permettre de sortir du cosmos avant la transition trek.

On se change vite avant d'être gelé et on se couche sous la tente de l'organisation pour 3h dans notre bivy et emballé dans notre couverture de survie au milieu de la nuit.

Mardi 2 juillet:

Réveil avant le lever du jour pour notre dernière section trek du raid et pas la moindre 45kms annoncés en plus de 10h. On débute bien sûr dans une rivière histoire d’avoir les pieds secs pas plus de 3mn. Nous avançons à un très bon rythme. Sandrine est au top de sa forme, ce n’est pas sur ce raid qu’on sortira la laisse ! Madame n’en a pas besoin et semble très à l’aise sur cette dernière journée au contraire d’adrien qui a un léger coup de mou. On enchaîne très bien et courrons dès que possible. Les cascades de Murel sont très belles. Benji nous demande un stop pour soigner ses pieds crevassés, on en profite pour faire une sieste flash. Il se permet également une pause toilettes… mais court ensuite dans une montée pour nous rejoindre. En fait il est en balade depuis 4 jours ! La seconde partie du Trek permet à Adrien de réviser son orientation à l’azimut et il le fait avec brio tombant pile poil à chaque fois sur le bon passage de route autorisée. Non juste une fois, nous devons faire 20mètres pour nous recaler ! Un dernier azimut nous envoi dans la jungle. Benji en profite pour nous montrer comment on la traverse en short et sans machette ! Les ronces glissent visiblement sur lui…

Nous terminons ce Trek en début d’après midi au bord du Doustre, embarquement du dernier packraft.

Nous prenons le temps sur cette transition avec les bénévoles toujours aussi chaleureux et sympathiques ainsi que sur la traversée du lac. Petite section d’1h30 tranquille avant le dernier vtt, dernière section du raid où l’on se mouille dès le début après une toute petite erreur d’orientation. A la tombée de la nuit, nous atteignons le puy de Sarran et décidons d’y faire un dernier stop dodo de 3h. Plus que le sommeil obligatoire mais on en a besoin en cette 4ème nuit et notre marge sur les seconds semble le permettre. On trouve un abri du vent sur un sentier mais une fois de plus le froid nous réveille trop souvent.

Mercredi 3 juillet :

Nous repartons vers 00h30 1h du matin. Une belle descente et un casse tête ensuite pour nos orienteurs. La carte et le tracé sont complexes et Adrien commence à être en surchauffe de concentration ! On réalise notre plus grosse perte de temps vers le Puy de Verrière. On n’y voit rien et il n’est pas évident de trouver le passage pour relier 2 chemins.

Nous atteignons le dernier CP au lever du jour et filons vers Bugeat. Nous relevons un dernier défi en trouvant un petit passage sur un pont assez rapidement contrairement aux équipes qui viendront après nous. Jusqu’au dernier moment l’orientation est complexe. 3 balises récréatives autour de la ville nous permettent de rejoindre l’arrivée vers 8h du matin. Soit 96h de course exactement. L’émotion est forte comme à chaque fois que l’on termine un grand raid comme celui-ci et de surcroit avec la victoire et d’autant plus quand on se dit que c’est peut-être le dernier RIF.

Quelle équipe, quelle homogénéité, quelle addition de compétence ! Nous avons réalisé une grande performance et vécu ce raid comme sur un nuage avec une grande sérénité dans l’ensemble.

Un grand bravo à Absolu Raidaventure et notre belle équipe 400team autour de Stephanie pour leur podium et à toutes les équipes qui ont relié l’arrivée de ce raid Magic et très exigeant !

Un immense Merci à Toute l’équipe d’organisation du Rif. Des co directeurs de course aux bénévoles de l’ombre qui passent des heures dans la constitution des dossiers d’autorisation ou à poser des balises, des cordes, à tenir des CP hostiles durant plusieurs jours, à préparer des délicieux repas, à transporter des tonnes de matériel...

Un grand merci à nos précieux partenaires : les frontales Stoots, cycle Cicada Morières les Avignon , Altore trail running et Naturals Origins.

Le mot de la fin pour Nancy et Pascal :

Depuis 2007 et votre 1er RaidinFrance, vous avez consacré une grande partie de votre vie à nous procurer des émotions folles et inoubliables lors d’aventures plus inédites les unes que les autres. C’est juste remarquable un don de soi pareil ! Comment vous remercier ?

400team a toujours répondu présent en participant à chaque édition. J’espère que nos 5 victoires sont à la hauteur de votre engagement.

RadinFrance organisera les championnats du monde en 2026, nous serons là !

Vive le Raid aventure, longue vie à RaidinFrance