Raid Bimbache au Maroc - Victoire avec l'équipe 400 Team

Pas forcément très facile de se relancer après notre victoire et notre titre de champion du monde de raid-aventure il y 4 mois! Et notre cap'tain Seb qui déclare forfait 1 mois avant la course parce qu'il s'est blessé!

Mais l'envie était là, et vraiment quelle course superbe! un parcours au top, technique , varié, dans un pays que je redécouvre, immense de beauté.

Equipe : Adrien Lhermet, Benjamin Fayet, Nicolas Rambier (qui remplace Seb au pied levé) et moi.

Voici le récit de ce raid au Maroc victorieux PAR ADRIEN

Un raid BIMBACHE plein de contrastes et de toute beauté.

Sur les terres Marocaines on pouvait s’attendre à de belles aventures pour cette coupe du monde de raid aventure. Nous avons été servis tout au long de la course dans un pays plein de contrastes aux couleurs africaines et à l’accueil exceptionnel.

Dimanche 27, Nico n’est pas au meilleur de sa forme… envie de vomir, mal au ventre et petite forme…. La journée s’annonce longue et quelle sera la suite de la semaine ? La journée est organisée comme d’habitude autour de la préparation du matériel et de la bouffe. Avec l’expérience nous commençons à faire cela rapidement et tout le monde est au lit vers 22 heures. Nico va mieux nous dit-il et nous espérons que la course se déroulera sans accros. Nous n’avons pas de pression mais nous voulons quand même montrer le maillot des champions du monde ; faut pas déconner !!!

Lundi c’est le grand départ de cette édition exceptionnelle en terre marocaine. Le départ se fait depuis la belle cité d’Aït Ben Haddou vers 14 heures. Compte tenu de la chaleur nous avons prévu de partir prudemment sur ces 40 premiers kilomètres à pied sous 35 degrés, un coup de chaud est si vite arrivé. Après une jolie CO autour et dans la vieille ville nous partons tranquillement pour ce trek au milieu du désert. On se retrouve vite dans le top 5 après la première balise mais Nico montre vite des signes inquiétants… mal de ventre, diarrhée et c’est le début de la descente aux enfers pour lui. Il passera les 25 derniers kilomètres à gérer ses pauses techniques et à essayer de ne pas perdre le moral et nous nous passerons les 25 derniers kms à le tracter et à l’aider du mieux possible. Nous arrivons autour de 22 heures à la fin de la section, Nico n’en peut plus mais nous allons maintenant changer de discipline. Un bien ou un mal pour lui ? A suivre !!!

Section 2 VTT 115 kms.

Départ complexe pour cette section de VTT le long d’un Lac. La piste cartée se trouve au milieu de l’eau mais je pense que le niveau du lac est bas et que la piste doit passer ; mais nous allons vite déchanter. A la première approche nous croisons Absolu qui rebrousse chemin mais j’ai quand même besoin de vérifier si ça passe ou pas… Nous nous rendons compte que le lac est au plus haut et que nous ne pourrons pas utiliser cette piste sur les 25 prochains kms. Alors que faire ? Longer le lac, rester sur les hauteurs ou passer au plus près de la route ? Après nous être sortis de l’estuaire labyrinthique en compagnie des Espagnols nous optons pour l’option 3 le long de la route. Itinéraire fiable avec points de repères et potentiellement moins de D+. Le choix s’avère payant et nous pointons la balise 15 en tête de la course après nous être débarrassés des Espagnols dans cette traversée hors chemin très technique. Nico est toujours dans le dur et nous l’aidons dès que nous le pouvons. Après la balise 15 je fais un mauvais choix d’itinéraire et nous croisons les Espagnols au milieu de rien. Nous restons ensemble un moment mais nous décidons de les laisser partir pour un petit dodo de 30 minutes. Nous ne les verrons plus pendant de longues heures. La fin de la section sera un mixte entre fond de vallée peu roulante, route et col à 2700 mètres avec comme tracteur Benji Fayet. Sur la fin de la section nous entrons dans une superbe vallée aux couleurs contrastées entre vert fluo, rouge, roche verte et le blanc des sommets enneigés. Nous arrivons à l’AT en milieu d’après-midi plutôt en forme mais les espagnols sont déjà en partance. A ce moment-là de la course nous pensions qu’il serait dur de les rattraper mais un raid n’est jamais perdu, jamais gagné et le phénix peut toujours renaitre de ses cendres…

Section 3 : Trek montagne 40kms.

Suite aux précipitations des semaines précédentes ce trek initialement prévu à 70 kms a été réduit à 40 kms et c’est bien mieux ainsi pour nos petites jambes. Au milieu de la première montée ça n’avance pas fort et nous optons pour une pause de 40 minutes à l’abri d’une petite maison. Benji se fait réveiller par un mec qui dit que nous n’avons pas le droit d’aller en montagne et que c’est dangereux en ce moment. Il l’ignore plus ou moins et retourne dans les bras de Morphée. Nous repartons mais 30 minutes plus tard ce même mec nous rattrape en courant nous disant qu’il est de la police et que nous n’avons pas le droit d’être là, nous montrant même un papier « officiel à compléter ». Nous finissons par partir et lui finit par rebrousser chemin. Vraiment bizarre cette affaire….

A la suite du premier col nous dévalons dans la vallée suivante pour attaquer la montée du col à 3600 mètres. Elle est longue mais pourtant passe bien. Et nous arrivons au sommet par 0 degrés et 80/100 kms/h de vent. C’est la tempête mais il faut pourtant s’arrêter pour mettre les crampons. Un bénévole de la course est là pour vérifier et il passera 40 heures dans sa petite tente…. Merci à lui ! Nous attaquons la descente sans attendre, le vent est encore plus fort, les cristaux de glace nous découpent les mollets mais nous finissons finalement par atteindre la fin de la neige ; la nuit tombe, la fatigue se fait sentir mais nous repartons. Après le CP du refuge nous engageons la suite du trek pendant environ 2 heures avant de trouver une mini bergerie où nous passerons notre arrêt de 2 heures plus ou moins au chaud… Nico va beaucoup mieux maintenant comme quoi il ne faut jamais perdre espoir. La fin du trek est belle avec une superbe descente dans un pierrier et nous avançons sur un bon rythme mais quand nous arrivons les Espagnols ne sont déjà plus là….

Section 4 : VTT 95 kms

La section commence par un portage des VTT pour 3 /4 heures. Chacun opte pour son système de portage plus ou moins sophistiqué mais nous revenons vite au VTT sur le dos directement car plus pratique, plus rapide et finalement plus confortable. Le départ du sentier est difficile à trouver mais nous arrivons rapidement dessus. Nous commençons le portage vers 5 heures du matin et j’aperçois au sommet les lampes des Espagnols, ça sent bon : ils ne sont pas trop loin !!!! Une fois arrivés au col nous nous lançons dans la descente sur le vélo mais ça ne durera pas car le portage n’était pas qu’a la montée et tout le reste de la descente se fera à côté du vélo dans un canyon absolument pas roulant… Au milieu du canyon nous rattrapons les Espagnols à l’arrêt, le moral est là, ils cherchent à nous sucer la roue un moment mais nous sommes plus rapides et ils disparaissent rapidement. Nous sortons enfin du canyon en tête de la course et nous la garderons. Joli cadeau d’anniversaire non !!!! Comme deuxième cadeau nous passons quelque kms plus tard dans la vallée d’Aît Bouguemez dans laquelle j’avais passé des vacances il y a presque 10 ans… Comme quoi toutes les étoiles sont alignées en ce 30 avril 2025. La fin du vélo se déroule sur des pistes ou routes avec de magnifiques paysages et nous arrivons à la Rogaine en tête, tous en forme comme quoi il ne faut jamais désespérer !!!!

Section 5 : Rogaine 35 kms

Késako la Rogaine ? Pour simplifier c’est une course d’orientation en ordre libre avec un nombre de point minimum à ramasser de la manière que l’on souhaite. Dans notre cas 20 points sur 26 à ramasser et interdiction de faire le chemin du CP 40 au CP 41 de nuit.

A la transition nous prenons 5 minutes pour faire notre choix. Pas facile en fonction des points, des kms, des dénivelés…. Le choix est fait et nous partons en commençant par la crête nord-ouest. La vue sur la vallée est magnifique : chemins en balcon, crêtes, falaises, canyons, vieux grenier en terre de quoi faire une Rogaine mémorable même si nous ferons les 2/3 de nuit ; dommage…. Les premières balises s’enchainent et nous nous activons avant la nuit. Après une discussion soutenue autour de la future crête que nous allons descendre et une histoire de poteau électrique, je gagne 8 bières (merci Benji et Nico mais il faudra les boire !!!!). La nuit tombe et le festival de la coupe franche continue. Après les 4 balises du plateau nous engageons la descente hors chemin d’une longue crête, je serre les fesses, je contrôle, je me recale, nous enchaînons et finissons par sortir pile poil au bon endroit. Le plus dur est fait, le retour même de nuit est magnifique et nous terminons cette Rogaine en presque 10 heures. C’est l’heure du dodo bien mérité pour 2 heures. Seul deux équipes sont là mais nous ne connaissons pas les écarts, nous verrons bien la route est encore longue….

Section 6 : VTT 54 kms descendant

Cette section semble être une section de transition mais non…. Toutes les sections de ce raid nous réserveront des surprises, y compris celle-là. Les 30 premiers kms sont magnifiques avec une belle montée sur un plateau suivi d’une descente rapide pour arriver dans un canyon sans chemin. Il y a des choix mais lequel prendre ? Je choisi le seul chemin qui nous amène au fond du canyon mais qui se termine en cul de de sac. Arrivés en bas nous trouvons des traces mais pas de chemin clair et nous trouvons finalement la balise 51 sans trop de problème. Ensuite c’est le même problème pour la sortie de la 51, pas de chemin juste un fond de canyon ou il faut trouver sa route. Pas facile, nous errons au fond du canyon en poussant et portant notre vélo mais nous finissons par sortir 1 heure plus tard. A nous le kayak, il fait chaud, beau et pas de vent pour une fois….

Section 7 : kayak 24 kms 6 balises en ordre libre

Il fait chaud à la transition et après le report des balises nous partons rapidement. Nous choisissons de ramasser les deux balises côté nord du lac et d’aller au fond du lac directement. Le repérage sur la carte est compliqué car la cote du lac est environ 10 mètres plus haut que sur la carte. Les bords du lac sont complètement changeants et nous sommes heureux d’être sur l’eau de jour. Arrivés au fond nous changeons de cap et direction la balise 53 sur la rive opposée. Au bout de 4 kms le vent se lève, les vagues augmentent et nous somme en perdition, ça n’avance plus, des vagues jusqu’à un mètre et nous n’arrivons pas à garder le cap de la balise…. Après une heure de bataille contre les éléments nous débarquons 1 km plus à l’ouest de la balise, nous sommes fatigués et désespérés pour la suite de la section… En attendant nous allons pointer la balise 53 à pied en aller et retour. Nous ne savons pas que faire avec cette météo, faire une pause ? Continuer ? Prendre les balises à pied ? Nous décidons de continuer étape par étape mais le vent se calme un peu pour les deux balises suivantes. Une accalmie qui ne va pas durer malheureusement. Il reste 3 kms, nous sommes à proximité de la cote, nous pagayons à fond, nous surfons des vagues de 1 mètre mais nous n’avançons pas. Nous nous regardons tous les quatre en riant mais comment allons-nous arriver, ça n’avance plus. Après quelques minutes Benji en a marre, il met les watts et nous arrivons à passer le cap venteux non sans mal. Nous arrivons à la fin de cette section exténués, les espagnols sont là en piteux état et nous apprendrons plus tard qu’ils ont raté la balise de la grotte en VTT….

Section 8 : VTT 39 kms transition oui pour une fois !!!

La montée est raide je ne suis pas bien, plus de jus mais je peux compter sur mes coéquipiers. Sandrine et Nico me tractent, j’essaye de suivre au mieux et nous arrivons après quelques hésitations au sommet et attaquons la descente rapide sur piste. Fini la piste et un dernier fond de vallée un peu technique met à mal encore une fois mes capacités d’orientation mais ça passe crème comme on dit. Benji regarde la carte et me propose un choix avec moins de dénivelé pour rejoindre l’arrivée. Je valide et nous changeons de rive pour gagner l’arrivée. Nous roulons bien et arrivons vers 21 heures à l’AT 8 pour la dernière section.

Section 9 : Trek 9 kms la fin ?

Nous entamons cette dernière section avec la certitude que nous allons gagner cette manche de coupe du monde mais doit-on avoir des certitudes en raid ? L’entrée de la section se fait par un rappel de 25 mètres et nous plongeons au fond de la rivière les pieds dans l’eau. Nous avions été briefés par l’organisation pour cette section, durée de 3 heures et pas de nage !!!! Dès le début la marche est lente et difficile, nous marchons dans l’eau, escaladons, traversons la végétation. Au bout d’environ 30 minutes je regarde mes mains et je me rends compte que je n’ai pas la carte. J’en parle à Benji, je cherche partout dans mon sac rien. Je me souviens de l’avoir regardé à la transition et j’ai une idée assez précise du parcours et de la balise. Que faire ? Je n’ai pas envie de faire demi-tour et je prends le risque de me perdre et de perdre la course. Je fais une CO mémo dans ma tête et je dis à Benji que c’est possible sans carte, traçant même une carte sur la boue de la rivière pour me rassurer et on continue. Pendant 1 heure je ne pense qu’à ça… Et si on perdait la course à cause de mon erreur, et si on ne trouvait pas la sortie du canyon ? Après tout ce temps je me décide à fouiller mon sac de nouveau et à mon grand soulagement je trouve enfin la carte bien rangée à sa place au fond de la poche de mon sac. Trop d’organisation je me dis !!!! Quel soulagement !!! La progression de nuit n’est pas facile et nous n’avons rien à manger. Au bout de 4 heures nous sortons enfin du canyon à proximité d’un feu immense allumé par un bénévole. Je ne sais pas comment la foret n’a pas brulé entièrement. Encore un petit effort et nous voilà enfin arrivés à 3 heures du matin au bout de ce raid.

Encore une arrivée de nuit c’est vraiment trop dommage. Les cascades d’Ouzoud sont pourtant magnifiques et c’est toujours dommage d’arriver de nuit mais c’est comme ça….

Que retiendrons-nous de cette course ?

- Une nouvelle victoire bien sur

- Des coéquipiers de rêves

- Une résilience de fou pour Nico

- Benji toujours fort comme un taureau

- Sandrine comme toujours la force tranquille qui ne vacille pas

- Et un grand bonheur pour moi dans cette aventure avec des coéquipiers au top

Mais aussi des paysages de rêve avec des contrastes à couper le souffle et une organisation sans faille. Alors merci aux organisateurs pour cette édition du Bimbache que je classe dans le top 5 des raids de ma carrière.

Maintenant rendez-vous fin septembre au Canada pour les championnats du monde. Ce sera une autre paire de manche ; nous devrons être plus forts, plus rapides, plus précis et plus motivés pour prétendre à la gagne.

Un grand merci pour vos encouragements et à tous ceux qui ont fêté mon anniversaire à travers cette belle aventure. Je vous embrasse.

Adrien.